A l’est de soi

Morgan chante son répertoire slave.

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Nos résidences d’artistes en Ukraine avaient pour objectif de permettre à chaque invité de produire, selon son art, un témoignage de son expérience en territoire contaminé. La production est allée au delà de nos espérances, notamment avec la très belle BD d’Emmanuel Lepage ou le roman d’Antoine Choplin. Morgan avait fait sa part, en collectant nombre de chansons traditionnelles pour nos spectacles et ses concerts.

Mais le chant est toujours pour elle la manière de toucher les gens, de franchir les barrières.
De Viera Movchan nous cornant dans les oreilles son répertoire populaire quand nous n’avions pas deux mots en commun (dans un bureau minuscule de l’école de Volodarka) à Morgan, deux ans plus tard dans un commissariat, tirant des larmes aux policiers par son interprétation d’une de leurs terribles chansons. Improbable et véridique.

Le disque de ce répertoire ukrainien, russe, biélorusse manquait.

Avant d’utiliser le binaural, nous avions déjà réalisé ensemble un album au couple AB dans des acoustiques réelles. Deux paires de DPA 4003 et pas mal de superpositions lui permettaient de chanter à plusieurs voix en différents points de la scène sonore. Un processus qui annonçait ce que nous ferions plus tard en 3D : l’essentiel se règle à la prise et la source sonore vit, vibre dans une réalité acoustique.

Après l’expérience du disque Ynys, première étape intermédiaire entre le casque et les enceintes, Morgan était prête à assumer un album résolument binaural et produit pour l’écoute au casque. Il est tout à fait possible de l’écouter sur une paire d’enceintes, mais il n’est pas optimisé pour ça. Enregistré à la maison, en binaural natif, Morgan déploie dans ce disque son talent pour multiplier les voix (ce qu’elle appelle le clan), ici placées dans l’espace 3D. Les parties de harpe, fixes ou en mouvement, bénéficient aussi de cette lisibilité qu’offre au mixage l’enveloppement binaural.