Un brin de production expérimentale autour du trio électro-acoustique Alan Madec (accordéon et effets), Joss Turnbull (zarb et effets) et Loup Barrow (cristal Baschet et hang).
Je cherchais depuis un moment une équipe avec qui explorer la sonorisation de musique live en binaural. Ce qui supposait que les musiciens acceptent un postulat tout simple : organiser le plateau et l’équilibre des sources sonores autour d’un mannequin de prise de son pour fournir à chaque auditeur la même qualité sonore.
Quand Alan m’a contacté pour sonoriser le trio (4 instruments acoustiques, 2 paires d’enceintes de monitoring pour les effets et un sub avec colonne pour le cristal), je lui ai proposé d’essayer.
La tournée était organisée et il était un peu tard pour aller jusqu’au bout de l’idée (c’est-à-dire équiper le public de casques), mais la formation se prêtait à un test grandeur nature. La jauge ne nécessitait pas de système de diffusion supplémentaire : il suffisait d’aménager l’existant.
La relation frontale au public est conservée, mais le trio est désormais installé en demi-cercle autour d’une KU100. Les paires d’enceintes sont croisées et les distances, les azimuts et les volumes sont réglés pour fournir, autant que possible, trois équilibres satisfaisants :
- le premier pour le confort de jeu des musiciens (mais ils ont répété dans cette configuration et ont trouvé leurs marques)
- le deuxième pour le mannequin, central sur le plateau (sur une ouverture de près de 180 degrés)
- le troisième pour le public (puisqu’à ce stade il n’est pas équipé de casques)
Nous sommes dans un cadre expérimental, mais il s’agit de vrais concerts : il faut donc composer. Au final, avec cette musique totalement improvisée, très dynamique, un équilibre “naturel” est assez facile à trouver.
Une fois cette configuration réglée, le binaural natif donne toute sa mesure : la lisibilité est complète, dans un espace qui va de soi, la dynamique musicale bénéficie de l’excellent rapport signal/bruit du casque fermé et la captation distante est tout à fait juste avec les timbres. Nous sommes au plus près de l’écoute naturelle.
Lors du troisième concert, une dizaine de casques était à la disposition des curieux, pour comparer avec et sans. ” Expérience de voyage ” est revenu plusieurs fois dans les commentaires, comme bénéfice de l’immersion.
Prochaine étape : intégrer l’équipement du public dans l’économie de la tournée, ce qui ne devrait pas poser de problème par rapport au coût d’un système de sonorisation standard.